Sbarro Royale -1979

Cette réplique de la Bugatti Royale coûtait la bagatelle de 300.000 francs suisses en 1979 ! Six mètres de long, près de 2,5 tonnes, deux moteurs Rover accouplés, soit 16 cylindres et 320 chevaux. C'est la voiture de tous les superlatifs.

Deux extrêmes sur le stand Sbarro du salon de Genève 1979 : une 328 baby et la Royale.

Évocation

La Royale fut commandée par M. Schnapka, un industriel allemand vivant à Berlin. La voiture n'est pas à proprement parler une réplique exacte d'une des Bugatti Royale, mais une sorte d'évocation rappelant la Royale Binder par ses ailes et la Royale Parkward par la cabine. Sur les brochures du salon de Genève 1979, la Royale était décrite comme une "voiture de haut standing d'un style fidèle à la fameuse Bugatti Royale". Les choses sont donc claires : il ne s'agit pas d'une copie exacte. D'un commun accord, le commanditaire et Franco Sbarro choisirent d'ailleurs des dimensions plus réduites que celles de l'originale, d'environ 15%. La voiture mesure tout de même six mètres de long pour une largeur de 1,85 mètres et une hauteur de 2.05 mètres.La carrosserie est en polyester, comme toujours chez Sbarro. Mais l'épaisseur des panneaux lui confère rigidité et solidité. Le capot à lui seul pèse autour de 100 kg. L'habitacle semble trop haut, donnant des proportions peu harmonieuses. Il s'agissait d'une demande de M Schnapka pour avoir une grande habitabilité.

Le vrai luxe est peut-être la sobriété.

Modernité

M.Schnapka a souhaité un blindage. La carrosserie est donc renforcée et les vitrages sont faits avec un nouveau matériau, une sorte de tissu synthétique plus léger que les vitres en verre blindé. Ce blindage choisi n'est pas aussi efficace, mais suffit à atténuer l'impact de balles.
A bord, le confort est royal : velours, moquettes, téléphone (peu courant en 1979) et climatisation. Mais le tout reste plutôt sobre. La planche de bord est plutôt dépouillé, avec juste l'essentiel. Pas d’esbroufe technologique, ni de gadgets. Une sobriété qui participe au luxe de la Royale.
Les parties roulantes sont elles aussi modernes : suspensions indépendantes, direction assistée.
Tout cela a un coût. Je ne parle pas d'argent, mais de poids. La Royale pèse 2500 kg. Les quatre freins à disques ne sont pas un luxe, surtout que la voiture peut atteindre 180 km/h.
Magnifique moteur 16 cylindres constitué de deux V8 associés sous un cache en aluminium brossé typique des Bugatti.

Seize cylindres en V

Pour obtenir un moteur hors normes, Franco Sbarro a souhaité installer un moteur à seize cylindres. Une telle mécanique n'existant pas en 1979 chez les grands constructeurs, Franco a repris une idée qu'il avait déjà eu pour la SV1 : accoupler deux moteurs. En l’occurrence deux 8 cylindres en V d'origine Rover de 3,5 litres de cylindrée chacun. L'AutoJournal écrivait à l'époque que les deux moteurs étaient accouplés "en adjoignant un flector capable d'absorber les distorsions, et décala l'allumage de 22,5° pour que les deux blocs tournent comme un 16 cylindres, non comme deux V8". Un tel montage n'est évidemment pas simple, comme on s'en doute. Pour cacher cette mécanique moderne et donner le change capot ouvert, Sbarro a imaginé un cache moteur en aluminium bouchonné qui imite le V8 de la Royale originale. Perfectionniste, Franco Sbarro fit fabriquer mille vis à tête carrée, typique des Bugatti, pour tout assembler.
Photographie de presse de la Royale. L'habitacle trop haut pour améliorer le confort intérieur a dérangé à l'époque certains journalistes.

Sacrilège ou chef d’œuvre ?

C'est le titre de l'article de l'AutoJournal de 1979. Les puristes ne comprennent pas une voiture comme la Sbarro Royale. Les autres s'émerveille devant le travail de Franco Sbarro. Jean-Loup Nory, l'auteur de l'article, a pu conduire brièvement la Royale. Il a retenu le silence : "pas un bruit, pas de pièces désobligeantes", écrit-il, "le confort est royal, on croit naviguer sur des eaux calmes". C'est la qualité de fabrication qu'il met en avant. Et de conclure "sacrilège peut-être, œuvre d'art assurément"
En bref
1- Évocation de la plus prestigieuse des Bugatti, le type 41 dit Royale
2- Moteur unique 16 cylindres en V
3- Une qualité de fabrication incontestable
Principales sources
1- livre "Franco Sbarro / concept cars" de Fabian Sbarro
2- catalogue Royale
3- divers articles de magazines d'époque dont l'AutoJournal
4- livres "Automobiles extraordinaires" de Peter Vann